Conférence « Économies de la prédation »

Conférence Autres
Bât. SH2, salle 213

Présentation du numéro de l’Homme « Économies de la prédation », Revue française d’anthropologie (2024)

Invité :

  • Martin Lamotte, CNRS, LAP, EHESS

Martin Lamotte est anthropologue, chargé de recherche au CNRS et directeur du Laboratoire d'Anthropologie Politique (LAP 8177) à l'EHESS. Il travaille sur les économies politiques des organisations criminelles. Ses premiers travaux portent sur la globalisation d'un gang entre les États-Unis, l'Amérique latine et l'Europe. Il s'est ensuite intéressé au proxénétisme dans les banlieues françaises. Son dernier projet porte sur l'infrastructure criminelle des villes frontières en Birmanie.

Les dernières années ont vu se déployer différents efforts en anthropologie pour rendre compte des mécanismes contemporains de fonctionnement de l’économie globale et des formes de vulnérabilité radicales (Naepels, 2019), de violence et de dépossession qui en découlent (Society for Cultural Anthropology-Theorizing the contemporary, Mathur 2016). Dans ce contexte, la tradition marxiste et en particulier la conceptualisation d'accumulation primitive a fait l'objet de plusieurs relectures. L'une des notions mobilisées dans ce cadre est celle de « prédation ». Utilisée par des chercheurs tels que Sassen (2014), Bourgois (2018) ou Harvey (2005), la prédation réfère à des dynamiques nouvelles dans le capitalisme contemporain. Mobilisée pour rendre compte de l'ère du post-fordisme des pays occidentaux, de certaines des manifestations des économies capitalistes dans les pays du Sud, la notion de prédation ou d'accumulation prédatrice permet de souligner la prégnance d’un mode d’accumulation qui passe par le fait de s’arroger des profits par la violence, par l'extraction des ressources naturelles ou par-delà les mécanismes classiques d’exploitation du travail. Ces efforts théoriques viennent à la suite – sans toujours y faire référence – des critiques féministes du capitalisme et de son étude. Celles-ci ont largement souligné le caractère réducteur d'une pensée centrée sur le travail rémunéré (Delphy 2015, Simonet 2018, Narotzky 2018), la place du travail des femmes dans l'accumulation primitive de Marx (Federici 2014, 2019) ou encore les apports essentiels d'une théorisation féministe pour penser les phénomènes de captation (salvage accumulation) de rapports ou d'entité non-capitalistes en profits (Tsing 2017, Bear et al. 2015). Ces recherches invitent donc à penser des mécanismes globaux, voire les effets d’imbrication entre différents acteurs parfois difficiles à saisir. Elle suggère aussi une spécificité de la prédation vis-à-vis d’autres ressorts de domination et pose la question des rapports de pouvoir prédateurs. Pour autant, la question de son actualisation dans des rapports sociaux concrets et des modalités de description auxquelles elle ouvre reste peu développée dans ce pan de la littérature (Adnan 2013). Il reste à identifier et décrire les mécanismes propres de ces logiques prédatrices, les secteurs sur lesquels elles s'appliquent ainsi que les territoires qui lui sont liés.

Discussion :

  • Gala Agüero (Clersé),
  • Doris Buu-Sao (Ceraps),
  • Giulia Mensitieri (Clersé)

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