Soutenance de Boubaker Bella
Soutenance de thèsePolitiques de prévention, santé et croissance : un examen du cas français
Cette thèse s’inscrit dans le domaine de l’économie de la santé et se propose d’évaluer la performance du système de santé français. Intervenant dans un contexte d’accélération des dépenses de santé en France et de pronostic inquiétant sur leur évolution dans les années à venir, cette thèse constitue une tentative d’élucidation des politiques de santé qui soutiennent la performance du système de santé dans ce pays. Un examen de la littérature empirique consacrée à l’étude de cette problématique est donc effectué afin de déterminer les fondements théoriques pour évaluer la performance d’un système de santé. Cet examen a montré la pertinence des arguments d’Arrow (1960), de Grossman (1981) et de Barro (2013) pour des solutions qui améliorent la performance d’un système de santé. Les arguments de ces auteurs sont consolidés par les apports des courants de la philosophie de la santé et sont adaptés au contexte français par l’étude des spécificités du système de santé de ce pays. Trois hypothèses de recherche sont ensuite déduites à propos de la performance du système de santé français. Ces hypothèses prédisent une meilleure contribution de la prévention primaire à la performance du système de santé français par rapport aux autres politiques de santé. Testées sur les données de l’économie française pendant la période 1995-2018 par deux méthodes économétriques sur séries temporelles, les intuitions de ces hypothèses se sont avérées justes. La prévention primaire dans sa sous-catégorie de médecine du travail améliore l’espérance de vie sans incident en France. L’augmentation de cet indicateur du niveau de santé soutient par ailleurs la croissance économique dans ce pays puisqu’il se présente comme un facteur de production qui a la plus forte productivité marginale. Le niveau de santé en France profite à son tour de cette productivité marginale, car la croissance économique de ce pays augmente l’espérance de vie sans incident de sa population. Les résultats de cette thèse permettent finalement d’attirer l’attention sur les deux causes qui expliquent le plus l’amenuisement de l’état de santé en France à savoir le tabagisme et le vieillissement de la population. Cette thèse a abouti à des résultats assez insolites sur la performance du système français et sur les moyens pour la soutenir. En effet, seule l’espérance de vie des femmes est améliorée par la médecine du travail. Par ailleurs, seul l’état de santé des femmes, mesuré par cet indicateur, profite des gains de productivité (augmentation de la croissance économique) réalisés grâce à l’amélioration de l’état de santé dans ce pays. Ces résultats suggèrent une meilleure productivité du capital humain féminin lorsque son état de santé s’améliore. Ils sous-tendent par ailleurs l’importance de la médecine du travail en France pour soutenir l’état de santé de ce facteur de travail. Les résultats de cette thèse mettent aussi en évidence l’importance de la
croissance économique de ce pays pour assurer la soutenabilité de son système de santé et pour garantir notamment le maintien du niveau de santé des femmes. Des résultats méritent toutefois plus d’explication surtout celle de l’absence de tout effet des politiques de santé sur l’espérance de vie des hommes en France.
Le jury sera composé de :
- M. Bruno BOIDIN, Professeur des universités, Université de Lille, Directeur de thèse
- M. Philippe BATIFOULIER, Professeur des universités, Université Sorbonne Paris Nord, Rapporteur
- M. Jean-Paul DOMIN, Professeur des universités, Université de Reims Champagne Ardenne, Rapporteur
- Mme Mathilde GUERGOAT-LARIVIERE, Professeure des universités, Université de Lille, Examinatrice
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