Soutenance de Mariame Wattara

Soutenance de thèse
Bât. SH2, salle des conférences, cité scientifique

Santé maternelle et complémentarités institutionnelles dans les pays d'Afrique subsaharienne : une analyse des déterminants sociaux de la santé maternelle en Côte d'Ivoire

Cette thèse entreprend une analyse de déterminants sociaux (socio-économiques, socio-politiques, socio-culturels, institutionnels, etc.) de la santé maternelle peu interrogés dans les études antérieures. Elle présente un intérêt à expliquer de façon systémique la tendance des taux de mortalité et de morbidité maternelles élevés en Côte d’Ivoire et dans bien d’autres pays d’Afrique subsaharienne. Dans un premier temps, elle remet en cause le manque d’approche systémique dans la plupart des travaux ayant porté sur la question ainsi que la focalisation en sciences économiques sur l’accès aux soins de santé et les facteurs quantitatifs. Dans un second temps, nous examinons deux hypothèses qui nous semblent imbriquées. D’une part, les déterminants sociaux de la santé maternelle (DSSM) en Côte d’Ivoire sont faiblement pris en compte dans les études et les politiques publiques. D’autre part, cette faible considération des DSSM est en lien avec le manque de complémentarités institutionnelles performantes existant dans le système au détriment des populations vulnérables et peu aisées. À cet effet, la démarche adoptée est de dépasser les études axées sur l’accès aux soins de santé. Nous réussissions ce défi au fil d’adaptations et de connexions de grilles d’analyses. Tout d’abord, nous présentons une approche multidimensionnelle de l’accès aux soins de santé (Levesque et al., 2013) adaptée à la santé maternelle en Côte d’Ivoire. Ensuite, nous faisons le lien entre les dimensions de cette approche multidimensionnelle et les DSSM en Côte d’Ivoire selon le modèle « arc-en-ciel » de Dahlgren et Whitehead (1991). Puis, nous justifions l’existence d’arrangements institutionnels qui structurent les conditions de vie socio-économiques, culturelles et environnementales des individus. Notre thèse défend que ces arrangements institutionnels contribuent à façonner le système et les résultats de santé existants. Enfin, cette thèse montre l’intérêt d’un cadre innovant dans le champ de la santé des pays d’Afrique subsaharienne : celui des complémentarités institutionnelles (CI). Nous y empruntons le cadre des mécanismes de coordination institutionnelle et de gouvernance de Boyer (2007) auquel nous associons l’approche néoréaliste d’Amable et Palombarini (2009). Cette connexion nous permet de mettre en évidence les rapports de pouvoir existant dans le système au détriment des plus vulnérables et favorisant un cercle vicieux de la pauvreté multidimensionnelle. En quête d’un objectif d’équité, les analyses de nos données de terrain montrent qu’il existe des complémentarités institutionnelles inéquitables dans le secteur de santé et entre ce secteur et les autres secteurs sociaux favorisant les femmes les plus aisées et au détriment des plus vulnérables. Au total, ces dysfonctionnements contribuent ainsi à réduire la performance globale du système.

Le jury sera composé de :

  • M. Bruno BOIDIN, Professeur des universités, Université de Lille, Directeur de thèse
  • M. Philippe BATIFOULIER, Professeur des universités, Université Sorbonne Paris-Nord, Rapporteur
  • Mme Samira GUENNIF, Professeure des universités, Université Sorbonne Paris Nord, Rapportrice
  • Mme Juliette ALENDA-DEMOUTIEZ, Professeure assistante Radboud Universiteit (Nederland), Examinatrice
  • M. Léo DELPY, Maître de conférences, Université de Lille, Examinateur

Partager sur X Partager sur Facebook