Soutenance de thèse de Abdoulaye Moussa Diallo
Axe 1 Soutenance de thèse
En Europe et aux États-Unis, la littérature portant sur la pratique du bénévolat dans le domaine sanitaire est souvent centrée sur la description des modèles et des trajectoires sociales (économiques, religieuses ou professionnelles) des acteurs. En Afrique, les travaux du même type sont davantage préoccupés par l'efficience des bénévoles dans la prise en charge de la santé communautaire en milieu populaire. Concernant notre objet, l'accent est notamment mis sur l'évaluation des rôles et des responsabilités des différentes sous-catégories d'agents de santé communautaire dans la mise en œuvre de programmes donnés. Ces travaux se sont très peu intéressés aux acteurs eux-mêmes, à leurs parcours individuels, à leurs regroupements et à leur insertion dans le tissu local. Le community empowerment, supposé plus que démontré, recouvre une réalité complexe faite de tensions permanentes entre des systèmes hiérarchiques différents et de l'agrégat de territoires professionnels partiellement opposés. Analyser les mobilisations socioprofessionnelles des agents de santé communautaire (ASC) permet d'appréhender à la fois leur être ensemble, leur position individuelle dans la division du travail et l'articulation tendue entre leurs différents segments.
En combinant les approches d'anthropologie du développement et de sociologie du travail, du bénévolat, des mobilisations et des groupes professionnels, ce travail offre un autre regard sur les répertoires organisationnels de la construction du travail et des identités professionnelles. L'enquête analyse comment le travail de care s'articule entre les définitions officielle, associative et pratique (au jour le jour), et examine quels types de lien social il produit. En partant des cas d'ASC du Sénégal, nous montrons que les engagements locaux sont source de changement social. Ni mouvement social ni lutte pour une profession, la mobilisation professionnelle des ASC est une atopie qui repose sur la promesse selon laquelle les ASC s'occupent de leurs développements - individuel et collectif - en mutualisant leur capital d'autochtonie. Ce progrès social suggère d'accorder plus d'importance aux mobilisations à bas bruits dans les études visant à identifier le moteur du changement social en Afrique subsaharienne.
- M. Ivan Sainsaulieu, Université de Lille, Directeur de thèse
- M. Sylvain Faye,Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Co-Directeur de thèse
- Mme Maud Simonet, Directrice de recherches au CNRS en sociologie, Institutions et Dynamiques Historiques de l'Économie et de la Société, Rapporteur
- Mme Fatoumata Hane, Maître de Conférences/HDR, Université Assane Seck de Ziguinchor, Examinateur
- M. Charles Gadea, Professeur de sociologie, Université Paris Nanterre La Défense, Examinateur Mme Ivy Bourgeault, Professeure en santé publique, Université d'Ottawa, Rapporteur
- M. Fred Eboko, Directeur de recherche en science politique, Institut de Recherche pour le Développement, Examinateur
Partager sur X Partager sur Facebook