Soutenance de thèse de Farouk Naamane

Soutenance de thèse
Entièrement en visioconférence
Le professionnalisme de la main-d’œuvre et la performance économique de l’entreprise, analyse économétrique des données d’une enseigne française de grande distribution

Après une phase de forte croissance, suivie d’une phase d’élargissement des bases d’une croissance extensive, l’hypermarché français traverse une crise profonde et est entré dans une phase d’érosion de ses parts de marché à partir de la fin des années 1990. De nombreux facteurs peuvent expliquer ce déclin, mais la concurrence intense par les prix des formats concurrents en demeure la principale cause.

Contrairement au modèle traditionnel dominant d’hypermarché fondé sur la concurrence par les prix et l’offre d’un minimum de services du fait d’un libre-service généralisé et systématique, un nouveau modèle qualitatif d'hypermarché semble émerger dans le secteur de la grande distribution alimentaire afin de regagner le terrain perdu. S’il maintient l’appel de la clientèle à l’aide de prix bas via les rayons/secteurs de libre-service, considéré comme une contrainte incontournable, il repose aussi à présent sur la différenciation par la qualité de service à travers les rayons/secteurs de vente assistée. Le succès de ce modèle nécessite par conséquent une augmentation du niveau de professionnalisme de la main-d’œuvre. Si les hypothèses centrales des théories du capital humain et des marchés internes du travail suggèrent que le professionnalisme des salariés a un effet positif sur la performance économique de l’entreprise, ce lien direct dans le cas des hypermarchés fait toutefois rarement l’objet d’une vérification empirique. Pour mettre en évidence empiriquement ce lien, nous avons analysé économétriquement, en utilisant une fonction de production Cobb-Douglas, le rapport existant entre la performance commerciale et le degré de professionnalisme de la main-d’œuvre dans les différents secteurs commerciaux (1043) des 119 hypermarchés d’une enseigne française de la grande distribution alimentaire.

Les résultats de l’analyse empirique sont riches et originaux et intéresseront tant les spécialistes de l’économie de la distribution que les gestionnaires. Les données montrent principalement le lien incontestablement positif entre le professionnalisme et la performance économique des différents secteurs commerciaux, et cela, paradoxalement, qu’il s’agisse des ceux en libre service ou en vente assistée. Ils soutiennent ainsi l’hypothèse selon laquelle la hausse de la qualité de service peut être une stratégie payante pour les hypermarchés. Ils montrent également l’existence d’un modèle alternatif de GRH où les employés du secteur de la grande distribution accumulent plus de capital humain et sont plus qualifiés. Ces résultats sont importants, ils doivent conduire à inciter les acteurs du secteur à investir dans la professionnalisation de leur main-d’œuvre et confirment l’intérêt d’offrir aux salariés, dans le cadre d’un marché interne actif, des perspectives de progression de leur situation et de leur rémunération. Ils sont un argument, pour les dirigeants de ces groupes, en faveur d’une stratégie de « montée en gamme par la qualité » comme voie de sortie de la crise actuelle du modèle classique de l’hypermarché. Enfin, cette thèse fournit aux chercheurs une approche méthodologique pertinente et met en évidence de nombreuses contributions aux champs théoriques et empiriques, ainsi que des recommandations managériales pour les firmes de distribution.

 

Le jury sera composé de :

  • M. Nicolas Vaneecloo, Université de Lille CLERSE, Directeur de thèse
  • M. Sébastien Richard, Université de Lille CLERSE, Co-encadrant de thèse
  • M. Camal Gallouj, CEPN, UMR CNRS 7234, université Paris 13, Rapporteur
  • Mme Héloïse Petit, CNAM laboratoire : CEET, Rapporteure
  • Mme Anne Bustreel, Université de Lille CLERSE, Examinatrice


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