Soutenance de thèse de Ferhat Méchouèk

Soutenance de thèse
Bât. Sh2, Salle des événements

Reposant sur une année passée à Bissau, la capitale et au sein de deux villages de la région de Tombali, sur des entretiens et sur l'analyse de toute la documentation disponible dont des archives, cette thèse interroge le lien entre la stabilité d'une société et la présence à sa tête d'agents sociaux conscients d'appartenir à la même "classe" et défendant des intérêts communs. Pour ce faire, la thèse retrace la constitution et l'histoire des détenteurs du pouvoir en Guinée­ Bissau de l'ère coloniale (à l'époque la plus récente). L'arrivée des explorateurs et marchands portugais sur la côte de Guinée entraîne la transformation des institutions anciennes et des constructions socio-politiques en place. Ces mutations sociales violentes et profondes accompagnent l'épanouissement d'une bourgeoisie marchande et d'un corps de fonctionnaires luso-africains. Certains d'entre eux se montrent critiques à l'égard de l'ordre social colonial. À la tête du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), ces derniers développent une "contre société" dans des zones libérées et gagnent l'adhésion du peuple. Après une longue gue1re de libération, les dirigeants du PAIGC prennent la direction de l'État. Ne parvenant pas à défendre l'unité et à incarner la "nation", ils se déchirent et se décrédibilisent. Au début des années 1990, ils amorcent un processus de libéralisation politique du pays mettant fin à la "monocratie". Si la mise en place d'un système multipartite ne garantit pas la démocratie, elle s'inscrit bien dans la volonté des dirigeants d'inscrire le pays dans un processus de modernisation. Cependant, très vite, les dirigeants renouent avec des règles de fonctionnement et des valeurs traditionnelles. La formalisation du contrôle du pouvoir politique, notamment sur l'armée, est mise à l'épreuve du temps et des alternances politiques. Les coups d'État s'enchaînent et consacrent à chaque fois des personnalités omnipotentes. La "révolution politique" annoncée ne parvient pas à faire sortir le pays de la crise qui semble même s'enliser. Cette thèse révèle donc que la nature du régime importe peu puisque seule l'existence d'une "classe dirigeante" capable d'organiser sa propre reproduction garantit le bon fonctionnement d'un pays.

Le jury sera composé de :

  • M. Aleksandar BOSKOVlE, Professeur, Faculté de Philosophie, Université de Belgrade, rapporteur
  • M. Jacek Jan PAWLIK, Professeur, Faculté de théologie, Université de Warmia et Mazury (Pologne), rapporteur
  • M. Gérald GAILLARD, MCF, Université de Lille, directeur de thèse
  • M. Bruno BOIDIN, Professeur des Universités, Université de Lille, examinateur
  • M. Vincent FOUCHER, Chargé de recherche, Les Afrique dans le monde, examinateur
  • Mme Monique SAINT-MARTIN, Directeur d'études,  Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux, examinateur
  • Mme Maria Antonia BARRETO, Professer Coordenador, examinateur

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