Soutenance de thèse de Placide Abasabanye
Soutenance de thèse Axe 2L'intérêt suscité par la problématique de la pénibilité au travail s'est renforcé depuis les récents débats autour des réformes des retraites. Ceux-ci ont contribué à la formulation d'une définition légale de la notion de pénibilité au travail en novembre 2010. C'est conformément à cette définition que le Compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) est entré en vigueur en janvier 2015. Toutefois, la restriction du C3P aux contraintes liées aux efforts et postures pénibles, à un environnement de travail inadéquat physiquement et à l'intensité du rythme de travail limitaient les implications de cette réforme. Or les ordonnances de septembre 2017 instaurant le Compte professionnel de prévention (C2P) en remplacement du C3P ont rétréci encore le nombre de critères de pénibilité pris en compte. Compte tenu des effets délétères de la pénibilité sur la santé des travailleurs, l'un des objectifs de cette thèse est de proposer une vision élargie de la pénibilité au travail. Ainsi, après avoir illustré comment les " conventions de pénibilité " évoluent historiquement et s'inscrivent comme des éléments majeurs du rapport salarial propre à chaque mode de régulation, nous identifions les contraintes du travail fortement associées à un état de santé dégradé des salariés en exploitant les données des enquêtes Conditions de travail (DARES). Nous construisons une batterie d'indicateurs synthétiques de pénibilité au travail grâce auxquels nous effectuons une cartographie de l'exposition à la pénibilité sur le marché du travail français. Il en ressort notamment que certains groupes sociaux, comme les travailleurs peu diplômés, présentent d'importants cumuls de pénibilités. Nous soulignons également que les différentes formes de pénibilité sont réparties de manière nettement hétérogènes selon les caractéristiques individuelles (sexe, âge, catégorie sociale, ...). A partir de ces indicateurs de pénibilité nous montrons également que les familles professionnelles présentent des profils bien spécifiques. Plus précisément, parmi les catégories socioprofessionnelles d'employés et ouvriers, nous distinguons cinq classes de familles professionnelles différemment affectées par la pénibilité au travail. De plus, nous mobilisons ces indicateurs de pénibilité pour rechercher l'existence d'éventuels mécanismes compensatoires grâce à des équations salariales standards puis en recourant à des régressions quantiles. Il en ressort que pour la quasi-totalité des salariés, les rythmes de travail intenses font bénéficier d'une compensation salariale quel que soit le quantile du revenu mensuel ou horaire considéré. Pour les autres formes de pénibilité, quelques-unes seulement sont associées à une compensation salariale pour les bas niveaux de revenu. C'est notamment le cas pour les salariés percevant de faibles rémunérations mensuelles jusqu'au dixième centile en ce qui concerne leur exposition à un environnement de travail physiquement agressif et à l'occupation de postes marqués par une absence de fierté au travail. En revanche, l'exposition aux fortes exigences émotionnelles et au manque de soutien de l'organisation ne semble pas être compensée aussi bien en salaire mensuel qu'horaire. Au-delà des constats généraux observés sur l'ensemble des salariés, nous cherchons dans le chapitre 4 à souligner les principales spécificités affectant chaque classe professionnelle précédemment identifiée. Enfin nous terminons cette thèse par une analyse du rôle du statut de l'employeur, en nous focalisant notamment sur les spécificités du secteur associatif. A cette occasion nous ajoutons d'autres dimensions liées à la qualité de l'emploi.
Composition du jury :
- M. DEVETTER François-Xavier, PR Université de Lille, Directeur de thèse
- Mme DE LARQUIER Guillemette, PR Université de Lille, Examinateur
- Mme PUISSANT Emmanuelle, Maître de conférences, Université Grenoble Alpes, Examinateur
- Mme TREMBLAY Diane-Gabrielle, Professeur Université TELUQ, Rapporteur
- M. BAILLY Franck, Maître de conférences Université de Rouen, Rapporteur
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