Soutenance de thèse de sociologie de Abdelaali Azerkane

Soutenance de thèse
Bât. SH2, salle du conseil

La transition matrimoniale chez les Aït Yaflman

Cette recherche s'intéresse à la transition matrimoniale au sein des Aït Yaflman, dans la région de Midelt au Maroc. Elle s’appuie sur une approche pluridisciplinaire à la croisée de la sociologie du genre, de la parenté, du mariage, de l’anthropologie culturelle et de l’histoire sociale. L’objectif est de comprendre les transformations sociales et culturelles qui ont affecté les pratiques matrimoniales depuis l’indépendance du Maroc en 1956 jusqu’à nos jours. Fondée sur une méthodologie qualitative nourrie par l’observation participante, les entretiens et les récits de vie, cette recherche explore la diversité des formes d’union (mariage virilocal, matrilocal, Amazzal, Amḥars, polygamie, etc.) dans cette région amazighe. L’étude met en lumière les changements structurels et symboliques dans la manière dont les individus vivent, négocient et redéfinissent leurs relations matrimoniales, conditionnés par un contexte en mutation. Les transformations constatées révèlent des dynamiques complexes entre tradition et modernité. L’ouverture à l’éducation, au salariat, à la mobilité géographique et à la culture écrite a contribué à reconfigurer les normes sociales, notamment celles liées aux rôles de genre et aux hiérarchies générationnelles. Les individus, menés par une vision pratique, naviguent entre plusieurs répertoires normatifs (religieux, coutumiers, modernes) et construisent leurs choix matrimoniaux en articulant des valeurs parfois contradictoires. Les formes de mariage dites secondaires, telles que l’Amḥars et l’Amazzal, bien qu’ayant perdu leur statut institutionnel avec l’instauration du droit positif, continuent d’exister sous des formes résiduelles ou transformées. Elles mettent en évidence des mécanismes sociaux d’ajustement face à des réalités économiques, familiales ou territoriales spécifiques. La thèse montre que les rapports de genre et de génération dans cette société ne sont évidemment pas immuables. Ils s’ajustent, selon les conjonctures et les stratégies individuelles, pouvant être rééquilibrés, voire inversés, en termes de pouvoir ou de capacité à peser sur les choix. Les normes sociales ne sont pas simplement subies, elles sont discutées, réinterprétées, négociées au quotidien par les individus, appropriées. Ces dynamiques illustrent les dynamiques des sociétés locales avec une conjugaison d’héritage culturel et d’adaptation au changement, dans une tension constante entre contraintes collectives et aspirations personnelles.

Le jury sera composé de : 

  • M. Abdelhafid HAMMOUCHE, Professeur émérite, Université de Lille, Direction de thèse
  • M. Philippe COMBESSIE, Professeur des universités, Université Paris Nanterre, Rapporteur
  • M. Brahim LABARI, Professeur des universités, Université Ibn Zohr, Rapporteur
  • Mme Judith HAYEM, Professeure des universités, Université de Lille, Examinateur
  • Mme Safaa MONQID, Maîtresse de conférences, Université Paris 3, Sorbonne nouvelle, Examinateur
  • Mme YACINE Tassadit, Directrice d'études émérite, EHESS, Invité