Soutenance de thèse de Stoyan Nikov (à confirmer)

Soutenance de thèse
Les transformations identitaires en Europe : interactions et transactions entre identifications ethniques, nationales et européennes. Le cas bulgare

Cette thèse doctorale a eu pour finalité de questionner la perméabilité ainsi que la convertibilité réciproque des frontières symboliques au niveau ethnique, national et européen. Dans un premier temps, les variables dépendantes étudiées ont été les appartenances ethniques et nationales - vues comme auto-compréhensions ainsi que comme catégorisations assignées. Par ricochet, nous nous sommes penchés sur toutes ces variables indépendantes qui font que dans certaines situations une identification ethnique/nationale précise est mobilisée en dépit d'une autre. Parallèlement, le rôle de variable dépendante a été joué par l'appartenance européenne. In fine, il nous a importé de découvrir une série d'indicateurs aptes à expliquer les situations où l'appartenance européenne est préférée - et légitimée comme telle - à des appartenances ethniques ou nationales, et vice versa. Pour ce faire, au-delà du cadre national bulgare et des comparaisons internationales au niveau européen, c'est dans la ville bulgare d'Elena, située au nord du pays, et dans les villages qui en composent la municipalité, d'environ 10 000 habitants, que nous avons réalisé une partie considérable de l'observation empirique. Composée de citoyens bulgares et européens à auto-conscience ethnique turque, rom ou bulgare, la microrégion d'Elena - qui est en de nombreux points un modèle réduit de l'Etat-nation bulgare - représente un cadre adéquat pour étudier le dynamisme des identifications ethniques, nationales et européennes. Afin d'éclaircir les interactions et les transactions entre ces identifications, nous avons recensé les indicateurs culturels de la "bulgarité", de la "turcité", de la "romité" et de l'"européanité" au niveau du système politique bulgare - au sens d'E. Leach -, depuis le milieu du XIXe siècle. En nous appropriant les réflexions d'E. Said et de M. Todorova, nous avons ainsi passé en revue les emplois historiques et contemporains de deux imaginaires, centraux dans la distribution identitaire en Bulgarie : celui de l'Orientalisme et celui du Balkanisme. Aussi, en mobilisant le débat entre J. C. Scott et P. Bourdieu quant aux rapports de domination et de résistance, nous avons identifié les formes de résistance culturelle des Roms ethniques, des Turcs ethniques et des Bulgares ethniques face à ces imaginaires, et la place des " jonglages " identitaires dans lesdites formes de résistance. Somme toute, c'est à travers l'approche transactionnelle de F. Barth, et en nous intéressant principalement à la configuration sociale des rapports de domination symbolique et des possibilités de résistance culturelle au niveau des divers systèmes politiques invocables - européen, bulgare et micropolitique [d'Elena] -, que nous avons conceptualisé les variables déterminant les identifications situationnelles, ethniques, nationales et européennes, et les transactions conjointes d'affirmation, de contestation et de négociation identitaires.

 

Composition du jury :

 

  • M. Albert DOJA, professeur d'anthropologie à l'Université de Lille (CLERSÉ), Directeur de thèse
  • M. Abdelhafid HAMMOUCHE, professeur de sociologie à l'Université de Lille (CLERSÉ)
  • Mme Anna KRASTEVA, professeure de science politique à la Nouvelle université bulgare (CERMES), Rapporteure
  • M. Dietmar LOCH, professeur de sociologie à l'Université de Lille (CLERSÉ)
  • Mme Galia VALTCHINOVA, professeure d'anthropologie à l'Université Toulouse - Jean Jaurès (LISST), Rapporteure
  • M. Tommaso VITALE, associate professor de sociologie à Sciences Po (CEE)

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