Soutenance de thèse de Sylvain Celle
Axe 3 Soutenance de thèseNotre thèse porte sur la dynamique de l’économie sociale dans le capitalisme français, du XIXe siècle à aujourd’hui. Les organisations de l’économie sociale (coopératives, mutuelles, associations, etc.) constituent des systèmes de règles originaux au sein des économies capitalistes. Une des originalités de ces organisations est d’articuler les activités d’une entreprise au service d’un projet associatif. On peut retenir trois principales règles constitutives des organisations de l’économie sociale qui les différencient des autres entreprises : la non-lucrativité, la solidarité et la démocratie.
Afin de préserver la spécificité de leurs règles organisationnelles dans un environnement institutionnel capitaliste, les organisations de l’économie sociale ont formé leur propre espace qui apparait comme un système de règles méso relativement autonome. Mais les organisations et l’espace de l’économie sociale restent soumis à une pluralité de sources de régulations, endogènes et exogènes, qui peuvent fragiliser leurs spécificités.
Une des hypothèses de cette thèse est que la démocratie, en tant que règle constitutive, favorise le pouvoir d’agir des acteurs de l'économie sociale sur les règles organisationnelles et institutionnelles. Cette démocratie joue ainsi un rôle déterminant dans les processus d’innovation, de différenciation et d’autonomisation de l’économie sociale par rapport aux régulations du capitalisme. A contrario, l’affaiblissement démocratique serait une cause déterminante de banalisation de l’économie sociale dans le capitalisme.
Pour questionner cette hypothèse, nous nous appuyons sur le cadre théorique de l’économie politique institutionnaliste, à la confluence de la théorie de la régulation et de l’économie des conventions, afin de contribuer à la construction collective d’une approche institutionnaliste de l’économie sociale. Cette approche s’est appuyée sur une importante enquête historique, principalement à partir de méthodes qualitatives, sur l’économie sociale. Nous avons à la fois mobilisé des sources primaires (archives, entretiens, observations, etc.) et secondaires (littérature pluridisciplinaire).
Trois études de cas approfondies sur des organisations de l’économie sociale en Picardie ont été réalisées : le Familistère de Guise (1840-1968), l’Union coopérative d’Amiens (1892-aujourd’hui) et les Ateliers de la Bergerette (1969-aujourd’hui). Une analyse des grandes évolutions de l’espace de l’économie sociale en France a également été menée en distinguant trois principaux compromis institutionnels d’économie sociale : un compromis libéral (1790-1880), un compromis républicain (1880-1970) et un compromis néolibéral (1970-aujourd’hui). Enfin, un dernier terrain a porté sur le développement de l’impact social qui témoigne de mutations profondes dans le compromis néolibéral d’économie sociale.
En croisant les échelles d’analyse (micro, méso et macro) et les temporalités (court, moyen et long terme), ce travail de recherche permet d’approfondir notre connaissance historique et analytique de l’économie sociale. Il met notamment en lumière le rôle de la démocratie dans l’autonomisation et la différenciation de certaines organisations et certains espaces plongés dans des systèmes capitalistes.
Le jury sera composé de :
- Florence Jany-Catrice, Professeure des Universités, Université de Lille, co-directrice de thèse.
- Agnès Labrousse, Maîtresse de Conférences, HDR, Université de Picardie-Jules Verne, co-directrice de thèse.
- Cyrille Ferraton, Maître de Conférences, HDR, Université Paul-Valéry Montpellier 3, rapporteur.
- Thomas Lamarche, Professeur des Universités, Université de Paris, rapporteur.
- Francesca Petrella, Professeure des Universités, Aix-Marseille Université, Présidente.
- Nicolas Postel, Professeur des Universités, Université de Lille, examinateur.
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