Soutenance de thèse en Economie de Clotilde Grassart

Soutenance de thèse

Standardiser l’alternative ? Une analyse socioéconomique de l’émergence des projets de supermarché coopératif et participatif en France

Cette thèse de socioéconomie étudie l’émergence des projets de supermarché coopératif et participatif (SCP) en France en tant que critique et réponse pratique à la crise économique et au défaut d’acceptabilité sociale que rencontre la grande distribution depuis le début des années 2000. Présenté comme alternatif, le modèle des SCP est issu d'une organisation qui a vu le jour en 1973 aux États-Unis, la Park Slope Food Coop. Ce modèle essaime en France depuis quelques années sous l'impulsion du magasin parisien, La Louve. La thèse montre qu’à l’origine de ces organisations se trouvent des consommatrices et consommateurs soucieux d’allier la praticité et la diversité qu’offrent les grandes et moyennes surfaces, et le projet social et démocratique porté par le mouvement historique des coopératives de consommateurs. À rebours des représentations associant monde associatif et amateurisme, le projet principiel est la création d’un supermarché non lucratif en mesure de concurrencer les distributeurs fordistes qui dominent le secteur depuis la fin du XXe siècle (dont Leclerc, Carrefour et Auchan) au moyen du travail bénévole de ses sociétaires. La recherche étudie ces entreprises collectives à partir du cadre d’analyse des modèles socio-productifs pour rendre compte des logiques d’adaptation, de différenciation et des spécificités de ce mode de distribution à partir du triptyque produit/organisation/travail. Au croisement des mondes militants et économiques, l’analyse de la politique-produit, de l’organisation productive et de la division du travail entre personnel salarié et bénévoles pour chacune des cinquante organisations françaises recensées, rend compte des tensions, des formes de continuité, de transfert et d’opposition qui se manifestent dans la construction de ces alternatives alimentaires à l’échelle nationale. À l’appui d'une méthode mixte de recherche, combinant construction et traitement d’une base de données d’une part, et observation participante et entretiens semi-directifs d’autre part, la thèse interroge la capacité de ces organisations à « faire modèle ». Pour cela elle se centre sur ce qui les oppose et les unit d’un point de vue stratégique et sur les logiques de différenciation et de normalisation qui accompagnent leur diffusion en France à l’appui d’une pluralité d’outils d’analyse, et en particulier à partir d’une ACM portant sur les caractéristiques socio-productives des organisations et d’une sociologie des réseaux sociaux.

Le jury sera composé de :

  • Anne BORY, Maîtresse de conférences à l’Université de Lille, Co-encadrante de thèse
  • Valérie BOUSSARD, Professeure à l’Université Paris Nanterre, Rapportrice
  • Sophie DUBUISSON-QUELLIER, Directrice de recherche au CNRS, Examinatrice
  • Florence JANY-CATRICE, Professeure à l’Université de Lille, Co-directrice de thèse
  • Thomas LAMARCHE, Professeur à l’Université Paris Cité, Examinateur
  • Philippe MOATI, Professeur à l’Université Paris Cité, Rapporteur

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