Soutenance de Thèse en sciences économiques de Timothée Verley

Soutenance de thèse
Bât. SH2, salle des événements

Genèse et structure du marché de l'art brut

 

L’art brut est une catégorie d’œuvres d’art aujourd’hui installée dans le paysage artistique. Les œuvres sont exposées dans des musées, elles s’échangent en galeries et en ventes aux enchères, de nombreuses publications leur sont consacrées, elles suscitent l’admiration de certains spectateurs et l’intérêt de collectionneurs, etc. Pourtant, pendant longtemps, les objets réunis sous cette catégorie n’étaient pas considérés comme de l’art et la catégorie « art brut » n’existait pas. Par conséquent, aucun marché ne lui était dédié, aucune galerie ne commercialisait d’art brut et aucun musée n’exposait ou n’était consacré à ces œuvres. Partant de ce constat, la thèse porte sur un double objet : elle étudie la formation progressive d’un marché consacré à cette catégorie d’œuvre d’art, d’une part, et s’intéresse à la structure de ce marché, d’autre part. Pour reconstruire les conditions d’émergence de l’art brut et le processus de construction de la catégorie (définition, formation de la première collection, promotion des œuvres et de la catégorie dans l’espace artistique), la thèse propose d’abord une histoire de « seconde main » fondée sur des travaux d’économie institutionnaliste, de sociologie, d’histoire de l’art et d’histoire sociale de l’art. L’analyse de la construction du marché et de sa structure articule ces travaux à une enquête de terrain déclinée en deux volets. Le premier volet est constitué d’entretiens et d’observations : 40 entretiens semi-directifs ont été réalisés avec des acteurs du marché ou, plus largement, de l’espace social qui s’est construit autour de l’art brut (galeristes, conservateurs ou conservatrices, artistes, collectionneurs, directrice de foire). Des observations lors de foires, de ventes aux enchères, de vernissages et d’expositions sont également venues appuyer notre travail. Le deuxième volet de notre enquête repose sur la construction et l’exploitation statistique d’une base de données recensant les résultats en ventes aux enchères d’œuvres catégorisées « art brut » entre 1985 et 2016. Notre travail montre que le marché de l’art brut se forme véritablement dans les années 1980 et 1990, à mesure que les relations de concurrence et d’échange nouées autour de la catégorie se stabilisent parce qu’elles s’insèrent dans des institutions qui les rendent pérennes. L’analyse des ventes aux enchères met en évidence que le marché de l’art brut se développe dans les décennies suivantes, et devient un segment dominé du marché de l’art au sens où il est de taille restreinte et que les œuvres d’art brut les plus valorisées s’échangent à des prix très inférieurs aux œuvres les plus valorisées sur le marché de l’art. Le marché secondaire de l’art brut est par ailleurs structuré d’une manière identique au marché de l’art. Ces marchés partagent en effet une structure des prix similaire, une même domination des artistes masculins et des phénomènes identiques de concentration du marché sur quelques artistes et en quelques lieux. La thèse montre enfin qu’il existe en France un espace des galeries commercialisant de l’art brut. Cet espace est appréhendé avec le concept de « champ », ce qui nous permet de montrer qu’il est structuré par une double opposition : la première entre les « petites » et les « grandes » galeries, la deuxième entre les galeries principalement insérées sur le marché de l’art brut et les galeries qui s’insèrent davantage sur d’autres segments du marché de l’art, en particulier celui de l’art contemporain.

Le jury sera composé de :

  • Mme Florence Jany-Catrice Université de Lille  Directeur de thèse
  • M. Fabien Eloire Université de Lille Examinateur
  • M. Frédéric Lebaron ENS Paris Saclay Rapporteur
  • Mme Nathalie Moureau Université Paul Valéry Rapporteur
  • M. Alain Quemin Université Paris 8 Examinateur

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