Soutenance de thèse en sociologie de Daria Sobocinska

De la « belle rencontre sexuelle » au « vulgaire plan cul ». Parcours, usages et pratiques de la sexualité sans lendemains chez les jeunes hétérosexuel·les

Si les rencontres sexuelles sans engagement conjugal et/ou amoureux n’ont rien de bien nouveau, le tournant du xxi^e siècle marque une diffusion massive des discours sur la sexualité dite « sans lendemains ». Particulièrement dans les productions culturelles et médiatiques, les « plans cul réguliers » et autres « coups d’un soir » sont ainsi devenus un point d’intérêt contemporain. À partir d’une enquête par entretiens biographiques auprès de jeunes urbain·es hétérosexuel·les, cette thèse propose une lecture sociologique des rencontres sexuelles sans lendemains, entendues comme toute interaction sexuelle non conjugale, a priori tournée vers les rapports sexuels, entre deux individu·es qui n’envisagent pas d’inscrire durablement leur relation dans leurs parcours sexuels respectifs.

Interrogeant les biographies sexuelles et relationnelles, cette thèse cherche d’abord à comprendre la manière dont les rencontres sexuelles s’insèrent dans les parcours de vie. Ce faisant, elle propose de penser les parcours sexuels sans engament comme des carrières composées de trois étapes : entrer, se maintenir et sortir de la sexualité sans lendemains. Ces trois étapes permettent de renseigner les divers usages, loin de se restreindre au seul plaisir sexuel, qui sont faits des rencontres sans engagement. 

Mobilisant la perspective des scripts sexuels, cette thèse se propose ensuite de comprendre la manière dont les rencontres sans lendemains se composent. En interrogeant les temps, les espaces et les pratiques qui construisent les rencontres sexuelles, elle met en évidence l’importance des mises en scène en matière de sexualité, ainsi que la pluralité et la diversité des formes que peut prendre la sexualité sans lendemains. Elle propose ainsi de penser la sexualité sans engagement comme un ensemble de relations s’insérant dans un continuum allant de la « belle rencontre sexuelle » au « banal plan cul ».

In fine, en renseignant les parcours, les usages et les pratiques des rencontres sexuelles chez les jeunes hétérosexuel·les, cette thèse fait de la sexualité sans lendemains un point d’observation de l’hétérosexualité. Elle participe ainsi à renseigner les tensions et les transformations normatives qui traversent la sexualité contemporaine.

Le jury sera composé de :

• Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée de recherche à l’INJEP, examinatrice
• Gilles Chantraine, directeur de recherche au CNRS, directeur de thèse
• Christine DÉtrez, professeure des Universités, ENS Lyon, rapportrice
• Christophe Giraud, professeur des Universités, Paris Cité, rapporteur
• Emmanuelle Santelli, directrice de recherche au CNRS, examinatrice
• Florian Vörös, maître de conférences, Université de Lille, examinateur